
Projet pédagogique

Cette thématique concerne principalement le respect de l’individualité de l’enfant. Nous tenons particulièrement à inscrire, dans notre quotidien, des valeurs en lien avec l’expression de chacun. L’accueil des enfants, au sein de notre micro-crèche, est rythmé par différents temps. En fonction de leur niveau de développement, les enfants adhèrent à ce rythme. Tous les temps ont été pensés pour que l’enfant puisse s’épanouir au quotidien et développer ses capacités motrices et intellectuelles.
Nous souhaitons, toutefois, par le biais de chaque « temps fort », apporter un soutien à l’enfant afin qu’il puisse se révéler tel qu’il est. L’équipe professionnelle s’appuie quotidiennement sur des pratiques impliquant le respect de différentes valeurs citées ci-dessous :
Le respect de l’enfant :
– Son identité
– Sa personnalité
– Ses besoins
– Son rythme
– Sa culture
– Son éducation
– Sa famille
– Son intégrité physique
La tolérance :
C’est accepter la différence de l’autre, autrement dit de l’enfant et de sa famille
L’expression de l’enfant à travers :
– Ses émotions
– Sa personnalité
– Ses idées
– Ses refus
La communication :
– Verbaliser ses actions auprès de l’enfant
– Mettre des mots sur les émotions et/ou sur les comportements de l’enfant
– Annoncer un changement
– Obtenir l’accord de l’enfant avant de réaliser un soin, une activité etc
L’affirmation de l’enfant :
– Ses choix
– Ses goûts
– Sa volonté
– Ses idées
– Sa créativité
La reconnaissance :
– De ses émotions
– De ses besoins
– De ses capacités
– De ses progressions motrices, intellectuelles et psychoaffectives
La valorisation :
C’est adopter une attitude positive en réaction aux nouvelles acquisitions de l’enfant qu’elles soient motrices, langagières ou psychoaffectives.

Nous accordons une importance particulière aux étiquettes pouvant être assignées à la personnalité des enfants.
Exemple : Un enfant s’intéresse au jouet qu’un autre enfant tient entre ses mains, et tente de s’en saisir, car il est intrigué, et par le jouet, et par l’émotion de l’enfant qui réagit. Imaginons que cet enfant répète plusieurs fois cette action dans la journée et plusieurs jours consécutifs. L’adulte pourrait être tenté de qualifier l’enfant « d’embêtant », de « filou » ou encore « d’enquiquineur ». L’adulte colle alors cette étiquette à l’enfant au fil du temps, en lui répétant ce même qualificatif, lors de situations similaires. Le risque pour l’enfant est de croire, à tort, à la véracité des propos de l’adulte. À force de répétition (qui mène au processus d’acquisition), il va inconsciemment se comporter de manière à correspondre à ce que l’adulte dit de lui (=ÉTIQUETTE). La connaissance du développement (neurologique, physiologique et psychoaffectif) de l’enfant est indispensable lorsque l’adulte l’accompagne au quotidien.
Ce qui doit être compris par le professionnel/l’adulte : L’enfant découvre son environnement et n’a pas d’intentions « d’embêter » ou de « voler ». Cependant, il apprend en observant et en mimant les autres. C’est en expérimentant qu’il assimile la nature des choses et le comportement des autres. Il se saisit de toutes les opportunités pour expérimenter et découvrir le monde qui l’entoure. Ce qui l’intéresse doit donc être expérimenté rapidement pour être intégré. L’enfant n’a pas encore acquis les codes sociaux. Certaines zones de son cerveau ne sont pas encore matures. Il ne peut donc pas faire preuve de patience ou encore gérer certaines émotions, car il n’en a pas les capacités.
La solution : patience, répétition
Le rôle de l’adulte/professionnel est d’accompagner l’enfant dans ses expériences et de mettre des mots sur ses émotions. Il peut inciter l’enfant à prendre un autre chemin pour découvrir le jeu. Soit en lui proposant une autre activité pour patienter, soit en lui proposant un jeu similaire afin qu’il joue simultanément face à l’autre enfant. En mettant des mots sur les situations vécues par l’enfant et sur les alternatives trouvées pour parvenir à vivre cette expérience, l’adulte le soutient dans la création de « nouveaux chemins neuronaux » et, de fait, à emprunter de nouveaux comportements pour les expériences à venir.
C’est avec la répétition que l’enfant apprend. L’exemple ci-dessus est une situation que l’enfant pourra revivre de nombreuses fois. L’adulte/professionnel, a lui la capacité de gérer ses émotions et de faire preuve de patience afin d’accompagner au mieux l’enfant dans ses apprentissages et ses évolutions. Sa mission face à l’enfant est d’être soutenant et présent pour qu’il puisse déployer son potentiel.
Comment transmettre et adhérer à ses valeurs tout au long d’une journée en micro-crèche ?
L’accueil/Les transmissions :
Ce temps réservé à la famille est indispensable pour apprendre à connaître l’enfant et ses habitudes. L’équipe professionnelle est particulièrement sensible à adopter un échange empreint de neutralité, et de non-jugement. Ce temps d’écoute est d’une grande importance pour les familles, l’équipe professionnelle et l’enfant accueilli. Il permet d’établir une continuité des pratiques entre la maison et le lieu d’accueil.
Le professionnel est vigilant à ce moment de séparation et respecte le temps dont l’enfant et la famille ont besoin pour vivre au mieux cette nouvelle journée.
Nous tenons à effectuer ce temps de transmission dans les meilleures conditions, c’est la raison pour laquelle un seul professionnel est dédié à la famille. Dans un souci de discrétion, nous demandons également aux familles de respecter l’échange de la famille précédant leur arrivée.
Se dire bonjour en chantant :
Pour commencer la journée, des comptines sont proposées aux enfants aux environs de 9h45, l’enfant est libre d’y participer ou non. Cela permet de présenter au groupe chaque enfant et chaque professionnel présent. Tout cela dans une ambiance chaleureuse
Le temps d’activité :
Aux alentours de 10h, une activité est proposée. Les activités sont adaptées au développement de l’enfant et pensées pour éveiller sa curiosité. Chaque enfant est prévenu de l’activité du jour, il a le choix d’y participer ou non. En commençant, le professionnel communique à l’enfant les composantes de l’activité, son déroulement (début/milieu/fin), la ou les règles à respecter.
Cependant, les activités proposées sont étudiées pour apporter un maximum de liberté d’action à l’enfant.
– Choix des couleurs, du matériel
– Laisser s’exprimer la créativité de l’enfant en le laissant découvrir les objets et se les approprier = l’enfant peut utiliser certains objets en leur attribuant une fonction différente de celle prévue initialement.
– Le professionnel montre initialement la fonction d’un objet prévu pour l’atelier
Vive la liberté dès le plus jeune âge !!
Exemple : un rouleau de peinture. L’enfant peut ensuite décider de tapoter le rouleau sur le support. Le professionnel accepte que l’enfant change la fonction première de l’objet. C’est en ça que l’enfant découvre, expérimente et exprime sa pensée par le geste.



Les soins (change, DRP etc.) :
Avant chaque soin, le professionnel prévient l’enfant et cherche son approbation. Cela passe par la verbalisation de l’action qui va être effectuée. L’enfant n’est pas toujours disposé, il peut être absorbé par un jeu, une interaction. Le professionnel laisse alors l’enfant finir « sa tâche » et peut revenir vers lui ultérieurement.
Ces moments de soin sont un privilège pour la relation professionnel/enfant, ils permettent un échange individualisé avec l’enfant, une parenthèse dans la vie en collectivité.
Une fois le soin effectué, le professionnel prend soin de réintégrer l’enfant auprès du groupe et/ou à l’endroit où il se trouvait avant le soin (auprès des enfants avec lesquels il était en interaction, proche du jeu qu’il était en train de manipuler etc.).
Le lavage des mains :
Ce temps est une « petite activité » pour l’enfant et un geste d’hygiène quotidien. Cet apprentissage accorde une grande autonomie à l’enfant, l’espace prévu à cet effet permet à l’enfant d’effectuer les étapes du lavage de mains par lui-même. Il permet à l’enfant de travailler sa patience (un enfant après l’autre dans l’espace dédié). Ce moment d’éveil sensoriel lui permet d’expérimenter différentes texture et sensation dans un esprit ludique (comptines associées).
- Les étapes de l’apprentissage :
- Se relever les manches
- Faire couler l’eau du robinet
- Prendre du savon
- Se frotter les mains, se les rincer, se les sécher
- Laisser la place à l’enfant suivant
Repas + Débarbouillage :
Le temps de repas est annoncé en chanson ce qui permet à l’enfant de patienter pour l’arrivée du chariot. Lorsque l’assiette est distribuée à l’enfant, l’intégralité de son repas est disposée dans une assiette compartimentée. Cela permet à l’enfant de découvrir les aliments à son rythme et de les manger dans l’ordre qu’il souhaite.
Le professionnel prend le temps d’énumérer les aliments présents dans l’assiette. Cela permet à la fois de développer le langage mais aussi d’acquérir une connaissance des aliments.
L’enfant prend le temps souhaité pour manger. Néanmoins, le professionnel lui rappelle qu’il peut continuer à manger si l’enfant déplace son attention sur autre chose. Il incite l’enfant à goûter l’ensemble des aliments présents et respecte les goûts et l’appétit de l’enfant durant le repas.
Les enfants les plus autonomes autours du repas sont installés sur une petite table et mangent côte à côte. Un adulte les accompagne tout au long du repas. Pour les plus petits, un professionnel accompagne un enfant sur l’intégralité du temps de repas.
À la fin du repas, un débarbouillage est proposé à l’enfant, le professionnel prévient l’enfant qu’il va lui nettoyer la bouche et les mains. Les gestes de l’adulte ne doivent pas être automatiques et soudains lorsqu’ils sont dirigés vers l’enfant. L’enfant n’appartient à personne. Les plus grands sont guidés dans les gestes à effectuer puis déposent par eux-mêmes leur gant et leur bavoir dans le bac sale.
Prévenir l’enfant de tous les gestes que l’adulte effectue est indispensable. Cela lui permet de prendre conscience de son corps et de pouvoir, si besoin, montrer son désaccord. La notion de consentement est, au même titre que les autres apprentissages, appréhendée dès plus jeune âge. La verbalisation de l’action à venir permet à l’enfant de savoir ce qu’il va vivre dans les prochains instants. Cela évite également l’effet de surprise et permet à l’enfant de construire sa pensée sur des bases sécurisantes.
Sommeil :
L’accompagnement à l’endormissement est primordial pour le jeune enfant. S’endormir peut signifier, pour lui, vivre une expérience de séparation. Or, l’enfant n’a pas entièrement conscience (selon son âge) de la nature d’une séparation (=absence). Il peut vivre une expérience de séparation comme l’absence définitive d’un objet/personne. C’est la raison pour laquelle il peut avoir besoin d’être accompagné pour s’endormir. L’objectif est de donner, progressivement, à l’enfant, un sentiment de sécurité suffisant pour lâcher prise et pouvoir s’endormir de manière plus autonome.
Le niveau d’autonomie de l’enfant et son sentiment de sécurité en lien avec l’endormissement vont définir l’accompagnement à mettre en place. Les échanges avec la famille permettent aux professionnels de connaître les rituels d’endormissement de l’enfant et de s’en rapprocher au mieux dans notre lieu d’accueil. C’est également en observant l’enfant au cours des différentes phases du sommeil que le professionnel ajuste sa pratique. Cette observation commence dès les premiers signes de fatigue.
Les pratiques mises en place doivent découler d’un questionnement professionnel et d’une certaine analyse en lien avec les besoins de l’enfant.
En pratique : Dans un premier temps, le professionnel observe les signes de fatigue de l’enfant. Il met l’enfant dans les conditions optimales (port de vêtements confortable) pour un sommeil de qualité avant de se rapprocher de l’espace dédié au sommeil. Un « temps calme » peut être proposé à l’enfant avant l’accompagnement au sein des dortoirs (histoire, comptines…).
Pour les plus grands, l’adulte encourage l’enfant vers plus d’autonomie. Il le guide vers le déshabillage (chaussures, chaussettes, pull etc.) puis lui indique la pochette dans laquelle mettre ses affaires. Pour les plus petits et selon leurs besoins, ils peuvent être bercés dans les bras, avant d’être posés sur le dos dans leurs berceaux. Le professionnel peut également, par sa présence, accompagner l’enfant qui cherche son sommeil (paroles réconfortantes, remettre la tétine si nécessaire, berceuse etc.). Pour les plus grands, la présence de l’adulte auprès de leur lit est également systématique, jusqu’à l’endormissement. Les enfants dorment toujours dans le même lit et à la même place dans le dortoir.
Temps de jeu libre :
Ces temps font partie intégrante de la journée de l’enfant. L’organisation des jouets et jeux a été étudié pour convenir au mieux aux besoins et au développement des enfants. Les jeux doivent être faciles d’accès et l’espace dédié doit permettre une exploration complète de « l’objet » expérimenté. Le jeu, pour l’enfant, ne peut être autrement que libre. Il doit pouvoir créer son ses propres règles et être libre de se mouvoir selon ses besoins. C’est de cette façon qu’il construit sa pensée et comprend la fonction des objets qui l’entoure.
Au quotidien, l’équipe offre la possibilité aux enfants de découvrir différents domaines d’activité.
Des caisses de rangement par thème sont mises à disposition :
- Des ballons (motricité)
- Des jeux symboliques (faire semblant de…) :
- Poupées
- Dinette
- Voitures (pousser, tirer, faire rouler)
- Mallette de docteur
- Mallette à outils
Motricité :
Des structures permettant différentes possibilités de jeu moteur sont présentes dans l’espace de vie. Un meuble cache-cache : les professionnels de la petite enfance savent à quel point le jeu du « coucou-caché » décèle tout un panel de richesses en lien avec le développement psycho-affectif de l’enfant.
Il favorise de nombreuses acquisitions comme :
- La permanence de l’objet
- Le développement du relationnel
- Le développement de l’imaginaire
- La construction du schéma corporel
Des « coins » sont également aménagés chaque jour :
Des jeux de construction : legos, legos souples, cubes, formes en bois etc. (motricité fine, créativité)
Empiler, encastrer, visser, clipser, objets magnétiques (réflexion intellectuelle, motricité fine, coordination « main/œil ») :
- Puzzles
- Formes à encastrer
- Abaques
- Jeux pyramidaux
Boîte à musique : elle permet à l’enfant de découvrir différents instruments et de ce fait différentes sonorités. Un piano miniature est mis à disposition lors de ce temps de découverte.
Jouer en extérieur :
- Des jeux faisant appels au développement moteur sont mis à disposition des enfants
- Parcours de motricité
- Balançoires
- Petites motos
- Cabane de jardin
- Bulles
- Ballons
Les dernières heures à la crèche :
Nous savons que les enfants peuvent accumuler de la fatigue en fin de journée. L’absence des parents peut être ressentie plus ou moins intensément par l’enfant. L’enfant vit de nombreuses interactions durant sa journée, il explore les jouets et lieux de l’environnement dans lequel il évolue plusieurs fois par semaine. C’est la raison pour laquelle nous pensons la journée jusqu’aux dernières heures passées à la crèche. La création d’une valise du soir est maintenant à disposition des enfants aux alentours de 17h30. Elle permet à l’enfant de « voyager». Surprise et joie aux enfants qui l’ouvrent !
La magie opère et l’enfant découvre le contenu de la valise. Le professionnel accompagne le groupe d’enfants au travers des différentes stimulations proposées par les éléments présents :
- Boite à musique (apaisement + motricité fine)
- Bouteille de retour au calme (autocontrôle, autorégulation émotionnelle)
- Grosse peluche pieuvre (réconfort, développement du sens du toucher)
- Balles sensorielles (découverte sensorielle-toucher)
- Livres
- Boulier (motricité fine, coordination main-œil)
- Pop it (soulagement du stress et de l’anxiété)
- Jeux à empiler et à faire tourner (grand format)
- « Monsieur patate » : jeu d’assemblage (réflexion et motricité fine)
- Marionnettes (jeu d’imagination)
- Tour arc-en-ciel rotative (motricité fine)
Le départ/transmission
Cet échange a lieu dans les mêmes conditions que lors de l’arrivée. L’équipe professionnelle transmet les éléments importants de la journée de l’enfant, à savoir :
- Les observations en lien avec les évolutions de l’enfant
- Son état de santé et ses variations
- Son appétit
- Son sommeil
- Son développement psychomoteur, psychoaffectif, verbal etc.
- Les éventuelles difficultés pouvant être rencontrées
Intervenants pédagogique
- Un intervenant lecture ou musical
- Médiation animalière : deux intervenants d’une ferme pédagogique viennent avec différents animaux une fois par mois afin de faire découvrir aux enfants des poules, des serpents, des lapins, des cochons d’Inde et autres rongeurs !
- Un à deux spectacles par an